Taï Chi : on en parle avec Michèle et Georges

Présenter le Taï Chi Chuan

Extraits de textes dictés par YANG Chengfu et publiés dans le livre de CHEN Weiming “Questions et réponses sur le Taï-Chi-Chuan”

Le Taï Chi Chuan est l’art de développer la force au sein de la souplesse. Il est basé sur l’utilisation de l’ intention et le rejet de la force physique. Du début à la fin de l’enchaînement tout est relié sans interruption. Quand un mouvement s’achève, aussitôt commence le suivant. Le Taï Chi Chuan dirige le mouvement par la tranquillité et bien que le corps bouge, celle-ci n’est pas perturbée. Plus l’exécution de l’ enchaînement est lente, plus les bénéfices sont importants. La lenteur permet d’approfondir et d’allonger la respiration. Ainsi le souffle peut se concentrer au point Dantien (centre). L’énergie prend racine dans les pieds, est émise à partir des jambes, gouvernée par le centre et se manifeste dans les doigts. Il faut une unité parfaite pour relier le haut et le bas du corps .

Il y a quelque temps, je suis allée au forum des associations à Nevers et j’ai vu tout un groupe de personnes faire comme une chorégraphie tout en lenteur …. On m’a dit qu’elles faisaient une démonstration de Taï Chi Chuan .

René et Michèle

C’est cela le Taï Chi Chuan, une sorte de danse ?

Michèle : C’est une sorte de danse codifiée avec un enchaînement de mouvements bien précis qui cache un grand travail en dessous. C’est comme un iceberg, on ne voit que la partie émergée ! Il y a tout un travail en profondeur basé sur des principes dits « internes » qui vont permettre au corps de retrouver son naturel et sa spontanéité.

Comment cela ?

Michèle : Le Taï Chi Chuan est tout un apprentissage pour redécouvrir son corps et retrouver des mouvements coordonnés avec beaucoup de détente et de souplesse, donc une gestuelle harmonieuse par le fait que l’on réunifie et coordonne tout son corps.

Pourquoi vos mouvements sont-ils si lents ?

Michèle : Les mouvements en Taï Chi Chuan sont lents car en fait, on met en pratique tous ces principes internes d’enracinement, de mobilité du centre, d’axe …. Et la lenteur permet de tranquilliser l’esprit et d’être très présent lors de chaque mouvement exécuté, comme une sorte de méditation en mouvement. La vitesse détruirait cette harmonie et cette tranquillité.

Oh là là … ça me parait compliqué !

Michèle : Oui, c’est ce que les personnes disent quand elles viennent aux journées portes ouvertes que notre association hexagramme 58 propose chaque année. Quand on leur demande de nous suivre et de nous imiter, elles ont l’impression d’avoir plusieurs bras et plusieurs jambes difficiles à contrôler ….. Mais il n’y a aucune inquiétude à avoir. Quand on commence à mémoriser, chaque mouvement de Taï Chi Chuan est expliqué, répété, testé et avec patience et persévérance on y arrive ! En quelque sorte le Taï Chi est aussi l’école de la patience et de la persévérance.

Existe-il plusieurs sortes de Taï Chi Chuan ?

Michèle : Oui, il existe de très nombreuses écoles mais qui ont toutes leur source à partir de 5 ou 6 lignées ou styles et qui ont été retransmis de maître en maître. Dans cette évolution, certaines ont conservé les principes dit « internes » et savent utiliser l’énergie interne et d’autres ont évolué plus vers une gymnastique douce ou vers un aspect sportif compétitif.

Et dans votre association Hexagramme 58 ?

Michèle : Le style de Taï Chi Chuan enseigné par Hexagramme 58 est un style Yang que l’on nomme actuellement style yang du petit dragon. Il a préservé l’enseignement des maîtres de la famille YANG . Les fondateurs de notre école se sont formés auprès de Maître Chu King Hung lui-même fut élève et disciple de Maître Yang Sau Cheung fils de Yang Chen FU. Le style Yang du petit dragon est retransmis par notre conseiller technique Jean François BILLEY et du fait de son évolution peut être considéré comme moderne.

Pourquoi se met-on un jour à la pratique du taî chi chuan et (ou) du chi kong ?

Georges :  Il y a d’abord les motivations apparentes ( externes ). Parce qu’on a une difficulté physique momentanée ou récurrente : mal au dos (souvent), mal à un genou, à une hanche, à une épaule et que le médecin, le kiné ou le voisin nous a vanté les bienfaits de ces disciplines . Puis il y a les motivations un peu moins externes (on est trop nerveux,  trop impatient, on dort mal) ou des motivations plus internes, plus profondes quelquefois plus illusoires (recherche spirituelle,  gout réel ou supposé pour ce qui nous vient d’ailleurs,  d’Orient , d’Asie). Puis c’est plutôt à la mode dans certains milieux. La plupart du temps c’est un mélange inconscient de tout cela qui nous amène à la pratique. Personnellement, avant de me mettre au Taï Chi Chuan, vers la cinquantaine, j’étais dans une période un peu instable, à la recherche de moi-même par divers moyens. Je pratiquais le yoga (un genre de yoga fait essentiellement de pratiques de méditations, assez peu postural ) Un stage d’initiation au Taï Chi Chuan animé par Jean François Billey devait avoir lieu à Nevers. J ‘y participai. J’y rencontrai Michèle et René et d’autres, environ une dizaine qui constituèrent le premier groupe d’élèves à Nevers sous la houlette de Michèle quelques mois plus tard. D’emblée nous avons apprécié les qualités pédagogiques de Michèle, sa patience , sa disponibilité ( qualités qu’ elle met toujours et encore à notre disposition aujourd’hui et qui semblent inaltérables) . Je me rendis assez vite compte des exigences physiques et mentales que réclamait ce Taï Chi. Mon corps était bien loin d’être prêt à entrer vraiment dans sa compréhension. De mini progrès en désillusion et réciproquement je cheminais et je chemine encore (avec peut- être moins de risques de fausse route) De ce point de vue les stages de Jean François Billey réorientent si nécessaire notre pratique.  Après ces vingt années j’ai au moins une certitude : la pente est rude et infinie et rien n’est jamais acquis définitivement, il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier. Ma très modeste expérience d’enseignant me le confirme à chaque cours

Le TaÏ Chi Chuan a t’il des effets sur la santé?

Michèle : De plus en plus d’articles paraissent sur les bienfaits du Taï Chi. L’intérêt du corps médical pour cette pratique est dans le domaine de la prévention.

Mais  ….. que veut dire Taï Chi Chuan ?

Georges : C’est une expression chinoise qu’il est difficile de traduire mot à mot …. Si on essaie on pourrait dire : Taï ji (Taï Chi ) : faîte suprême ; fondement originel (de l’univers ). Quan (chuan ) : poing , boxe . Taï ji quan (Taï Chi Chuan ) boxe du faîte suprême.
Selon la légende, le combat d’un oiseau et d’un serpent observé par un moine taoïste serait à l’origine du Taï Chi Chuan.
Le Yin et le yang sont les deux principes ou aspects opposés et contrastés de l’unique réalité. Ce sont les principes taoistes de la philosophie du tao, le tao étant difficile à définir … le tao, c’est l’Univers … c’est innommable ….

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